Premier coup dur : au total, 64% des personnes interrogées jugent qu’un candidat de gauche a peu voire pas du tout de chance de remporter l’élection présidentielle. Pire : lorsque l’on regarde dans le détail, c’est encore plus prégnant du côté des électeurs de gauche, qui ne sont que 25% à penser qu’un de leurs représentants pourrait l’emporter, contre 68% qui pensent l’inverse.
Seul motif d’espoir (encore valable mi-février, lorsque l’enquête a été menée, mais un peu moins aujourd’hui), une candidature d’union de la gauche aurait plus de chances de l’emporter pour 52% du panel, et pour 75% des électeurs de gauche. Un optimisme néanmoins mesuré puisque 40% des Français et 47% des électeurs de gauche jugent qu’une telle candidature aurait simplement « un peu » plus de chances de gagner. Déjà ça de pris.
Si cette candidature unique venait à aboutir (ne nous mentons pas, cela semble aujourd’hui peu probable, mais après tout, l’époque est surprenante), 26% des personnes interrogées jugent que Jean-Luc Mélenchon serait le candidat le plus crédible. Mais cela n’en fait pas la proposition la plus populaire, puisque celle-ci est plutôt « je ne sais pas », marquant sans doute le fait que, auprès de la population française, la gauche manquerait d’une figure rassembleuse à l’heure d’aborder cette drôle d’élection qu’est la présidentielle. A noter cependant, 20% des électeurs de gauche identifiaient encore la future-ex-candidate Christiane Taubira comme la candidate la plus crédible, presque au niveau de Yannick Jadot (21%) et Jean-Luc Mélenchon (24%), et loin devant Anne Hidalgo (9%) et Fabien Roussel (5%).
Au-delà du désaccord sur la personnalité à même d’incarner la gauche en France, les personnes interrogées pointent un autre souci, de taille, à l’heure d’incarner l’union de la gauche : les différentes candidatures auraient des idées trop différentes pour se rassembler autour d’un programme commun, pour 59% des Français, et pour 56% des gens de gauche.
Dernier clou dans le cercueil, union de la gauche ou pas, les sondés ne sont que 21% à penser que les thématiques abordées par les candidats et candidates de gauche sont percutantes dans le débat public lors de cette campagne, contre 61% à penser l’inverse. Et la tendance ne s’inverse pas vraiment à gauche, où le rapport est de 39/49. Malgré le début de remontada actuel de Jean-Luc Mélenchon, cette présidentielle semble sentir un peu la noisette pour la gauche française.
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